Préserver la sagesse ancestrale : l'initiative des écoles en forêt

La sagesse en voie de disparition de la forêt

Imaginez : au cœur de la réserve faunique du Dja, au Cameroun, un guide Baka de soixante ans s'arrête au bord d'un sentier boueux. Son regard, aiguisé par une vie passée à l'ombre de géants ancestraux, scrute la terre. Une empreinte discrète murmure la trace d'un pangolin en quête de nourriture nocturne, tandis qu'une feuille pliée révèle le passage d'éléphants quelques heures plus tôt. Il ne s'agit pas de magie, mais d'une sagesse transmise de génération en génération, un lien sacré unissant les Baka à leur terre natale du bassin du Congo.

Mais tandis qu'il partage des histoires à la lueur du feu, son inquiétude ne porte pas seulement sur la forêt, mais aussi sur le savoir qui vit en lui – une sagesse apprise auprès de son père et de ses grands-pères, désormais menacée de disparition avec sa génération. Il rêve d'une « école en forêt » où les aînés pourraient transmettre cette manière ancestrale d'interpréter la terre, afin que les enfants héritent non seulement d'histoires, mais aussi de la capacité d'écouter la forêt elle-même.

La disparition de cette bibliothèque vivante ne serait pas seulement une perte pour les Baka ; ce serait une perte pour l'humanité entière, effaçant des savoirs que la science moderne, réductionniste, ne peut ni remplacer ni reconstituer facilement.

Pourquoi s'engager dans cette aventure ?

Les Baka ne sont pas seulement des survivants ; ils comptent parmi les plus grands interprètes de la forêt, détentrices d'un savoir écologique détaillé, fruit de milliers d'années d'histoire. Leurs intuitions – sur les plantes médicinales, les migrations animales, les sols, l'eau et les rythmes saisonniers – complètent les données scientifiques et révèlent des schémas que les instruments, à eux seuls, ne perçoivent souvent pas.

Alors que le monde est confronté au dérèglement climatique et à l'érosion de la biodiversité, ce savoir devient une boussole essentielle, guidant des décisions plus réalistes et plus humaines quant à la préservation des derniers espaces sauvages de la planète. Soutenir une école en forêt n'est pas un acte de charité ; c'est un investissement dans une sagesse vivante qui profite à tous.

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Évaluation de la conservation dans la réserve faunique de Dja, Cameroun.